mardi 7 mars 2017

MA DEUXIEME LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT ALASSANE OUATTARA



MA DEUXIEME LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT ALASSANE OUATTARA

LA QUESTION DE VOTRE PROMESSE DE FAIRE DE NOTRE NATION, UN PAYS EMERGENT A L'HORIZON 2020

Bonjour le M. Président,

     Je me permets de vous écrire pour la seconde fois, non pas parce que je me sens doté d'un courage quelconque ou que je suis à la recherche d’une éventuelle sympathie de votre part, mais parce que votre peuple murmure, il murmure trop de douleurs. Le cœur de votre peuple saigne de désespoir, de pessimisme, de chagrin, surtout d'abandon et de regret amer. Malheureusement, la connexion ou le réseau vous reliant aux réalités vécues par vos populations n'est pas stable, il est même très brouillé. Donc vous ne pouvez pas entendre le gémissement de ce peuple que vous aimez tant. Le réseau n’est pas bon, la communication ne passe pas.
Le peuple (y compris vos partisans les plus engagés) est convaincu que vous êtes déconnecté de la réalité par la faute de votre entourage.



     Pour rappel M. le Président,  vous avez déjà épuisé sept ans des dix ans (deux mandats de cinq ans) prévus. Je peux me tromper, mais il me semble que vous avez reçu tous les financements nécessaires, vous avez réalisé vos reformes en installant toutes vos nouvelles Institutions. Il me semble aussi que vous avez démontré votre volonté et votre amour pour le travail afin de réaliser vos promesses de campagne dont la plus audacieuse et attendue est celle de faire de notre terre, un pays émergent á l'horizon 2020.
     A trois ans de la fin de votre dernier mandat, l'honnêteté intellectuelle nous oblige de reconnaitre que cette émergence sera irréelle á cette date. Mais surtout d'attirer votre attention, car malgré des réalisations (infrastructures économiques) mises à votre compte, les normes d'expression d'un pays émergent sont totalement invisibles dans notre pays. Certains de ces indices sont les suivants:
1) la démocratie et la bonne gouvernance incarnées par la lutte contre la corruption, les détournements de déniés publics et la gabegie. La lutte contre le népotisme, le favoritisme et la médiocrité. La justice et l'égalité de chance pour tous. La concrétisation de la stabilité économique, sociale et politique.
2) la promotion d'une identité culturelle originale et authentique, des valeurs traditionnelles et culturelles nationales. Cette démarche permettrait de décomplexer les Institutions, les Dirigeants et le peuple. Une émergence dans un complexe institutionnel et culturel est une utopie.
3) la science, la technologie, la création et l'invention. Aucun pays ne peut prétendre l'émergence s'il n'a pas une bonne politique scolaire, universitaire et de recherche. Pour émerger, il faut créer et inventer. Il faut financer les inventeurs. Il faut des produits révolutionnaires made in Côte d'Ivoire.
4) un pays émergent a un système de santé performant qui permet á ses Dirigeants de se soigner sur place dans ses hôpitaux publics et surtout offrir des soins de qualité gratuits au peuple.
5) Tous les pays émergents battent leur propre monnaie, maitrisent leur système et leur mécanisme monétaire. Pourtant, vous qui souhaitez faire de la Côte d'Ivoire, un pays émergent, vous ne cessez de vanter les avantages du Franc CFA. N'est-ce pas une contradiction?
6) la sécurité sociale est l'une des garanties ou des marques pouvant permettre de reconnaitre un pays émergent et même à quelques 3 années de l'émergence. Dans notre pays, aucune politique fiable pour dompter d'une sécurité sociale n'est visible. Seule une minorité accrochée par tous les moyens mêmes les plus mensongers vit dans l'insouciance totale.
Nous pouvons citer plusieurs autres indices auxquels hélas ne répond notre pays.

     M. le Chef de l’Etat, malgré vos multiples voyages, votre riche carnet d'adresse et vos contacts, vos réformes économiques et institutionnelles, vos efforts physiques et intellectuels, l'horizon 2020 n'est pour l'émergence. Pourtant les ressources naturelles, humaines et intellectuelles, matérielles et financières ne manquent pas. La Côte d'Ivoire a les capacités nécessaires à offrir une vie meilleure à ses citoyens.
Alors, dans la recherche des éventuelles causes de cet échec plus ou moins éloquent, et sans aucune prétention de vouloir défendre votre bilan (bilan mitigé pour nombre d’observateurs), j’ose affirmer avec conviction, que vous n'avez pas eu et vous n'avez pas les hommes et les femmes, qu'il vous faut, pour la réalisation de ce projet tant promis aux Ivoiriens. Vous avez certes formé des équipes, mais les résultats prouvent qu’elles sont majoritairement constituées d'incompétents, de démagogues, de diseurs de contre-vérité, de pauvres devenus riches et parfois insolents.
     Vous avez certes exprimé des idées et des ambitions, mais elles demeurent irréalisables parce que le capital humain qu’il vous faut fait défaut. Vos choix politiques en ressources humaines vous ont trahi. D'aucuns disent que vous en avez conscience de cette insuffisance, mais pour des raisons politiques, vous en faisiez fi. Aujourd'hui, dans une interview accordée à un quotidien proche de vous, l’un de vos proches collaborateurs confirment mes inquiétudes exprimées dans le courrier que je vous avais adressé le 29 juillet 2016. J'écrivais entre autres ceci: " M. le Président, ceux qui vous disent autour de vous en longueur de journée que tout va bien, vous disent des contre-vérités. Ils ne font que protéger leur salaire et mettre leur propre famille á l'abri du besoin......."
     Ces égoïstes et ces incompétents avec votre silence coupable et complice ont foulé au sol tout espoir de bonheur que le peuple avait placé en votre programme. M. le Président, la réalité est que notre pays est de nos jours socialement défiguré en trois images :
1) une minorité vachement riche ;
2) une partie, malgré ses efforts, sa volonté, ses atouts et ses capacités (intellectuelles, morales et physique) demeure défavorisée, sans espoir et surtout victime d'une politique de rattrapage, de népotisme et de favoritisme ;
3) une grande majorité vivant dans une pauvreté révoltante.
     M. le Chef de l'Etat, les Ivoiriens sont pauvres, oui votre peuple vit dans une pauvreté honteuse et humiliante. Les jeunes sont au chômage et sont pauvres. Les femmes sont vilipendées, chosifiés, violentées, souillées et misérables. Rien ne va véritablement! La pauvreté a atteint un paroxysme incroyable et ça crève les yeux. Vos efforts sont engloutis dans un système de méchanceté sans précédent.
Au plan économique, á chaque sortie de votre Ex Premier Ministre, aujourd'hui, Vice-Président, l'on chante et nous parle de croissance á 1 ou á 2 ou á 3 chiffres. Ce langage incompréhensible et méconnu du peuple est un somnifère amer. En effet, selon lui, notre économie se porte bien. Mais ce peu d'argent gagné, au lieu d'être partagé équitablement avec peuple, reste au sommet et sert á entretenir les nouvelles Institutions, notamment : une Vice-Présidence (avec un cabinet, des conseillers, un Personnel, des frais et primes de missions, des voitures, des villas, etc..), un Senat (bientôt), et à payer des salaires ou des primes à des conseillers á la Présidence (des ex Ministres qui ont déjà démontré leur incompétence à toute la Nation). Quant au peuple, il sort zéro dans tout ça.
M le président, nous connaissons un véritable problème de partage de ressources dans notre cher pays.
     Au plan social, vous avez promis la réconciliation des Ivoiriens. Mais des hommes et des femmes capables de réfléchir et de mettre en place une politique juste, intègre, intelligente, ouverte et décomplexée vous ont fait défaut. L'échec donc de cette organisation corrompue créée pour réconciliation nationale et gérée par cet assoiffé du pouvoir (ce candidat moins courageux) a été constaté par tous. Des milliards octroyés sans compte rendu ni bilan. Par conséquent, la cohésion et la tranquillité sociale demeurent précaires. Quant aux récents remous sociaux, ils sont la marque l'existence d'un mécontentement général dans la société.
     M. le Président, trois ans sont certes courts, mais aussi très longs dans la vie d'une Nation. Il vous reste trois bonnes années. On a plus espoir c'est vrai, mais je vous implore d'œuvrer à garantir la paix sociale tout en dépassionnant votre succession. Le travail pour atteindre l'émergence, on le fera nous-même, mais c'est dans la paix, la discipline, l'union, la fraternité, le travail, le patriotisme et surtout dans la stabilité politique que nous réussirons. Vous avez certes été trahi, mais n'êtes pas totalement innocent.
     Prenez soin de vous et portez-vous bien M. le Président. Que Dieu veille sur vous et vous protège!
SEYDINAN CHÉRIF AHMED
Ecrivain- Activiste Culturel



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