mardi 31 janvier 2017

NON A LA COUR PENALE INTERNATIONALE / CPI

NON A LA COUR PENALE INTERNATIONALE / CPI

MA LETTRE OUVERTE AUX MAGISTRATS ET AUX HOMMES DE DROIT AFRICAINS

A tous les Magistrats, les Juges, les Procureurs et les Hommes de droit africains.
Chers diseurs de justice en Afrique,

     Je suis obligé de vous écrire, car j'ai le regret de constater et avec amertume de vous avouer que je ne me sens pas en sécurité en Afrique. Et tous les Africains devraient avoir les mêmes sentiments et les mêmes inquiétudes que moi. Oui, je ne me sens pas en sécurité, parce que la justice en Afrique n'est pas crédible. La justice en Afrique n'est pas impartiale. La justice en Afrique n'est pas libre et indépendante. La justice en Afrique est minée de corruption, de favoritisme et de manipulation. Les hommes et femmes de droits paraissent muets. En Afrique, des innocents croupissent dans les geôles pendant que des hors la loi pètent le champagne en toute liberté dans des espaces luxueux. En Afrique, les humeurs des riches, des détenteurs de pouvoir peuvent être des délits pour certains. Oui en Afrique le pauvre à tort.

     Nos chers diseurs africains de justice, vous ne m'inspirez pas confiance. Parce que selon certains Chefs d'Etat, garants de notre securité, seule la COUR PENALE INTERNATIONALE (CPI) peut dire la justice, peut dire la vérité, peut être impartiale. Seule cette cour a des juges, des magistrats, des procureurs et des avocats mieux formés, dignes, intègres, conscients, professionnels, instruits, formés pour dire la justice. C'est pourquoi, ils ont ratifiés en toute bonne conscience le Statut de Rome. Ils vous trouvent donc incompétents. C'est dire que ces Chefs dEtat non seulement ne font pas confiance à la justice de leur pays, mais n'ont aucun respect, aucune considération  pour leurs juges.
Donc, ils agissent librement sans aucun contrôle judiciaire. Ce qui me semble suicidaire. Je suis donc en droit d'affirmer avec eux qu'aucune justice n'a encore été dite en Afrique. Pour que les Africains connaissent la justice, il faut que leur affaire soit déportée à la Haye. Là-bas, il y a la justice pour les Africains, seule pour les Africains. Sinon le reste du monde n'en à point besoin, car chez eux, il ya des diseurs de justice justes.

     Chers magistrats africains, dans ma première oeuvre littéraire « la Dictature Culturelle » parue à la fin de l'année 2014, aux pages 27 et 28, je dénonçais avec sagesse et objectivité le fait que des Chefs d'Etat africains acceptèrent de ratifier  le Statut de Rome pour l'adhésion de leur pays à la COUR PENALE INTERNATIONALE (CPI) sans passer par des referendums et je démontrais que cette cour demeure un outil pour contrôler nos pays.

     Chers frères et chères seours juges africains, savez-vous que les peuples africains, comme tous les autres peuples, ont droit à la justice, à la paix, à la cohésion sociale, à la stabilité économique et culturelle afin de travail pour s'épanouir ? En un mot, savez-vous que nous avons aussi droit au développement. C'est justement dans cette optique que nos ancêtres ont réussi depuis des lustres à créer des organisations politiques, économiques, et socio-culturelles fiables et credibles tout en respectant le droit à la vie. Notre histoire et nos traditions en sont de belles illustrations.

     En effet, dans des traditions africaines et de manière générale, les institutions étaient plus fortes que les hommes qui les incarnaient. Ainsi, le Roi se soumettait aux coutumes qui étaient l'Autorité Suprême. Le Roi n'était pas Roi, seul le peuple détenait la Royauté. Ce n'était pas le Roi qui avait la Royauté, mais la Royauté qui tenait le Roi. La justice et les diseurs de justice étaient des personnes instruites et intègres. Même le roi, sa famille, les notables et les autorités administratives n'étaient au-dessus de la loi. A titre dexemple :
IBN BATOUTA, historien et voyageur arabe au XI, XII siècle a admiré le sens de justice des habitants du Mali. Il écrit ceci :

 « Le Massa dans ses audiences ou à la mosquée était à la disposition de quiconque demandait justice. Ses arrêts étaient fermes et exécutoires. Le Massa Souleymane condamna sa propre femme à la peine capitale et il ne cessait de recommander à ses farins (gouverneurs) de rendre convenablement la justice. Dans la capitale impériale un cadi, grand personnage de l'Etat, était assisté dun conseil de lettrés et dAnciens pour dire la justice. Chaque grande ville de province avait son cadi qui dépensait directement du Massa. Les musulmans étaient jugés selon leur droit et la masse du peuple selon les coutumes des aïeux. Les sanctions étaient très sévères : outre les compensations et les emprisonnements, la loi du talion était la règle générale surtout dans le droit coutumier ».

Vous, nos magistrats, vous devriez travailler à rendre nos institutions actuelles solides comme dans le passé. Plusieurs documents historiques sont à votre disposition. Depuis la MAAT dans l'Egypte antique jusqu'au système de l'Arbre à Palabre, en passant par nos tribunaux traditionnels, le droit a été respecté et la justice a été dite dans cette Afrique réelle.

     Toujours comme source, vous avez les 44 articles de la charte du Mandé élaborés en 1236 par l'Assemblé du Kouroukan Fouga, présidée par l'Empereur Soundjata Keita. Les sept grandes paroles de cette charte sont les suivantes:
« Toute vie est une vie.
Le tort demande réparation.
Lentraide est un impératif pour chacun.
Chacun doit veiller sur la patrie.
Mettre fin aux atrocités de la guerre.
Chacun est libre de dire. Chacun est libre de voir, dagir et de faire. »

     Cette charte est la première charte des droits de l'homme au monde. Elle met un accent particulier sur le respect et la protection de la vie humaine. Alors pourquoi, il ne peut pas aujourd'hui avoir de justice en Afrique ?  Pourquoi les Africains doivent-ils aller chercher la justice à la Haye, en Europe ? Pourquoi bafouer nos Magistrats, nos Hommes de droits, nos Juges, nos Tribunaux en allant nous humilier à la Haye ?

     Sachez que l'Europe n'est pas la « mère » de la justice, ni des droits de l'homme. Avant la légende disait que l'insécurité et l'injustice régnaient en Afrique avant la colonisation occidentale. Cette même légende disait aussi que ce sont les Européens qui ont apporté avec eux la paix, la liberté, la justice et la sécurité. Voici ce que nous dit l'historien arabe Ibn Batouta à ce sujet. Il écrit que :
« De ce que jai trouvé de bon dans la conduite des Noirs. Les actes d'injustice sont rares chez eux ; de tous les peuples, cest celui qui est le moins porté à en commettre, et le sultan (roi nègre), ne pardonne jamais à quiconque sen rend coupable. De toute l'étendue du pays, il règne une sécurité parfaite ; on peut y demeurer et voyager sans craindre le vol ou la rapine. Ils ne confisquent pas les biens des hommes blancs qui meurent dans leur pays, quand même la valeur en serait immense, ils n'y touchent pas ; au contraire, ils proposent à l'héritage des curateurs choisis parmi les hommes blancs et il reste leurs mains jusqu'à ce que les ayants droits viennent le réclamer ».

     Chers Juges africains, nos nouvelles Institutions et justices devront sinspirer de ces acquis, de ces valeurs traditions et historiques. Cest pourquoi, je suis strictement contre le fait que certains chefs d'Etat africains en complicité avec le silence de nos magistrats  aient accepté de signer la charte de cette justice dite internationale. Notamment, la Cour Pénale Internationale et le Tribunal Pénal International. Qu'est-ce qui sest donc passé dans la tête de ces Chefs d'Etat ?
Le complexe d'infériorité ? L'aliénation internationale ? Le Mépris pour leur peuple ? Le souci de plaire aux maîtres ?

     Nous avons nos propres valeurs, nos propres justices, nos propres organisations à promouvoir. Elles ne doivent pas être bafouées pour le compte des valeurs dites internationales. Cest pourquoi jai toujours dis NON. Objectivement, je dis NON à la CPI et au TPI. Et je dis OUI à notre JUSTICE non aliénée!

Chers Procureurs africains, contraignez de manière pacifique et disciplinée nos dirigeants au respect des droits de l'homme, au respect de la vie humaine. Ils doivent nous respecter, nous protéger et uvrer pour notre épanouissement sur tous les plans. Dici là, je ne me sens pas du tout en sécurité en Afrique et cela malgré votre présence.

     Chers Magistrats africains, si des Chefs d'Etat ou des gouvernants ou des citoyens africains ont commis des actes ignobles, des massacres et toutes autres formes d'animosité vis-à-vis de leurs compatriotes, je pense que la justice de ces pays africains, incarnés par des hommes et des femmes intègres, en toute indépendance et responsabilité doit pouvoir arrêter, juger et condamner ces hommes. Puis, les emprisonner sur le sol africain, dans nos prisons. En Afrique, on doit désormais dire la justice et le droit.

     Réveillez-vous chers magistrats africains, car je soutiens que cette justice internationale et son adhésion par nos pays africains est l'expression dune autre forme d'aliénation, de domination et surtout démontre un certain complexe d'infériorité des institutions africaines. Vous, nos juges, nos magistrats et hommes de droits, vous devez prendre vos responsabilités, car vous plus que quiconque, avez été bafoués. Ceux qui jugent nos compatriotes à la Haye ont eu les mêmes formations que vous. Vous êtes parfois plus brillants que certains parmi eux. Exigez de nos Chefs dEtat les moyens, la logistique, les infrastructures nécessaires vous permettant de dire la justice, la vraie. Vous savez, l'homme est un être social et culturel. La justice aussi est moyen social et culturel.

     Cette Cour Pénale Internationale et ce Tribunal Pénal International étant méconnus des valeurs traditionnelles, historiques et sociales africaines en générale, ils ne pourront pas prononcer la justice. Des victimes pourront devenir des bourreaux et des bourreaux des victimes. Alors ramenez nous nos prisonniers de la CPI et jugez les à nouveau afin quils purgent leurs éventuelles peines dans nos prisons. Comme ça, ils pourront « goûter » à la souffrance ou pourront regagner leur dignité. Nous sommes Africains et nous avons nos valeurs. Nous sommes Africains et nul ne doit agir à notre place dans notre recherche perpétuelle du bonheur

Objectivement, je dis NON à la CPI et au TPI. Et je dis OUI à notre JUSTICE, notre Justice non aliénée! Je vous remercie.

Seydinan Chérif Ahmed
Ecrivain, Activiste culturel

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