CENTRE NATIONAL DES ŒUVRES
BURKINA FASO
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
CITE UNIVERSITAIRE DE
KOSSODO
FESTIVAL ETUDIANT POUR
L’INTEGRATION CULTURELLE
DU 17 AU 19 FEVRIER 2017
CONFERENCE-DEBAT
THEME :
DIVERSITE CULTURELLE AFRICAINE, QUELLE POLITIQUE POUR UNE INTEGRATION SOUS
REGIONALE ?
CONFERENCIER : SEYDINAN
CHERIF AHMED
PRESIDENT-FONDATEUR DE L’INSTITUT DES
CIVILISATIONS NOIRES
INTRODUCTION
I. QU’EST-CE QUE LA CULTURE ?
I.1 QU’EST CE QU’ETRE CULTIVE ?
I.2 LA DIVERSITE CULTURELLE AFRICAINE, MYTHE OU
REALITE ?
I.3 L’ETAT DES LIEUX DE LA DEGRADATION
CULTURELLE AVANCEE DANS NOS PAYS
I.3.1 LES LANGUES MATERNELLES
I.3.2 L’ECOLE
I.3.3 LA RELIGION
I.3.4 L’ART ET LES MEDIAS
II.
QU’EST-CE QUE
L’INTEGRATION ?
II.1 L’ETAT DES
LIEUX DE LA DEGRADATION DE L’INTEGRATION DES PEUPLES
II.2 RESPONSABILITES
II.3 CONSEQUENCES
SOCIALES/ CULTURELLES/POLITIQUES
III.
QUELQUES VALEURS CULTURELLES AFRICAINES, SOURCE
D’INTEGRATION SOUS REGIONALE
III.1 LA SOLIDARITE ET L’HOSPITALITE
III.2 LE RESPECT DE LA VIE HUMAINE ET LES DROITS
DES PEUPLES
III.3 LE BENEVOLAT TRADITIONNEL
IV. DIVERSITE CULTURELLE AFRICAINE, QUELLE
POLITIQUE POUR UNE INTEGRATION SOUS REGIONNALE ? :
CAS DE L’INTEGRATION MANDINGUE, UN MODELE HISTORIQUE DANS LA SOUS
REGION.
IV.1 QUELLE
POLITIQUE D’INTEGRATION SOUS REGIONALE ?
IV.1.2 AU
NIVEAU ECONOMIQUE
IV.1.3 AU
NIVEAU CULTUREL
IV.1.4 AU
NIVEAU EDUCATION/FORMATION
IV.1.5 AU NIVEAU DE LA TECHNOLOGIQUE, LA SCIENCE
ET LA RECHERCHE
CONCLUSION
INTRODUCTION
Contrairement à certaine idée trop largement répandue en Afrique, la
culture au sens restreint de création et au sens large de mode de vie, n’est
pas qu’une affaire Occidentale ; mais plutôt la base même de l’identité et
de la confiance en soi. Chose indispensable à la compréhension et au respect
mutuels. Alors une meilleure connaissance de sa culture et celle de
l’autre est une condition nécessaire au succès de toute forme d’échange de dialogue
et d’intégration. La prise en compte donc de la dimension culturelle dans toute
démarche de développement, tant au sud qu’au nord, est un pré requis dans la
lutte contre le racisme, le tribalisme
et les préjugés ; et cela que ce soit les africains envers les
autres Peuples et inversement les autres vis-à-vis de l’Afrique et des Africains.
Nous pensons qu’il est important de promouvoir à travers la démarche
culturelle toute forme de relation
humaine afin de contribuer à un dialogue intellectuel véritable et à
l’émergence d’attitudes nouvelles tout en favorisant le respect des différences
et des identités culturelles. Nous souhaitons au cours de notre intervention participer
à l’instauration d’une paix véritable entre les Peuples et travailler en faveur
d’un développement durable au service de l’humanité. C’est cela le rôle réel de
la culture. Et la diversité culturelle est un atout incommensurable. La culture
selon nous est non seulement un facteur de développement, mais aussi un outil
de rapprochement des Peuples. Il est question pour nous de démontrer cette
opportunité qu’offre la diversité culturelle de nos peuples.
I.
QU’EST-CE
QUE LA CULTURE ?
Comme nous l’avons signifié plus haut, la
culture sous-tend le développement. Car c’est elle qui détermine l’identité
d’un peuple et les besoins d’une nation.
C’est la culture qui oriente les choix politiques et les systèmes
économiques. Elle détermine les rapports de force entre les institutions d’un
pays et le choix des hommes qui les incarnent. La culture, dans une nation, est
le comptable du développement de cette nation. Aucun peuple ne peut se
développer sans sa culture. Et évidemment, ne se développera jamais avec une
culture empruntée, même s’il en a la maîtrise.
Pour
mieux comprendre cela, il faut mettre la culture dans son rôle réel, afin que
cela soit clair dans l’esprit de tous. En effet, la culture est l’unité de
mesure de l’intelligence d’un peuple. L’intelligence est identitaire, chaque
peuple se développe par un modèle propre et unique, chaque pays aussi, ainsi
que chaque continent. La culture est le
moteur de l’équilibre et de l`épanouissement des nations. L’épanouissement dans
la recherche, dans la science, dans la technologie, dans la politique, dans
l’économie, etc.
Partant de cette définition, nous affirmons
humblement que tous les facteurs de développement actuels sont culturels.
Notamment, le commerce, le transport, l’agriculture, l’industrie, la science,
l’éducation, l’histoire, la bonne gouvernance, etc. En un mot, tout ce qui
épanouit l’existence de l’être humain est culturel. Ce sont des facteurs qui
doivent nécessairement s’appuyer sur les réalités et les besoins sociaux pour
être utile à l’homme. Retenons qu’un peuple sans culture est un peuple sans
intelligence. Dans notre démarche nous ferons aussi un rapprochement entre la
culture, les traditions, les coutumes et l’histoire. Car il sera difficile pour
nous de parler d’intégration sous régionale en ignorant notre propre histoire.
Pourquoi donc ce rapprochement ? En
effet l’histoire permet de découvrir son passé, prendre conscience de ses
succès et de ses faiblesses. La bonne connaissance de ces deux situations permet
de maîtriser le présent et d’envisager le futur. L’histoire est donc
très importante, Marcus Garvey l’avait bien compris quand il affirme que
« l’histoire est le repère qui nous permet de diriger le cours de notre
vie dans la bonne direction. L’histoire d’un mouvement, l’histoire d’une
nation, l’histoire d’une race sont autant de jalons qui signalent la destinée
du mouvement, la destinée de la nation, la destinée de la race. Ce
qu’aujourd’hui vous faites de valable, dans l’avenir inspirera d’autres dans
leurs actions ». L’histoire d’un peuple ne se négocie pas. Elle doit être
connue de ce peuple, si celui-ci veut se développer sérieusement. Un peuple sans histoire est un peuple sans
mémoire. En sommes nous pensons qu’au moment où certains Pays Africains
imaginent des politiques d`intégration régionale pour revendiquer la place qui
leur revient dans le concert des nations, l’histoire et surtout la culture doivent
jouer un rôle important.
I.1 QU’EST CE QU’ETRE CULTIVE ?
Etre cultivé c’est maîtrisé en théorie
comme en pratique son patrimoine culturel, le connaître de l’intérieur, et en
vivre de façon épanouie. Celui qui est cultivé ne brûle pas sa propre identité, ne vend pas ni
ne vilipende pas son propre héritage et surtout ne se laisse pas réduire à la
mendicité économique, sociale et culturelle. L’être cultivé est le maître de
lui-même, de ses terres, de ses biens, de son histoire, de ses richesses
culturelles et de son destin. Il arrive à faire face à tous les éventuels
obstacles internes et externes. Et enfin, il est conscient de sa place dans
l’histoire et l’assume en toute responsabilité. L’être cultivé est à l’abri de
toute vulnérabilité. Il est doté d’une mentalité saine et possède un esprit
critique plein d’objectivités. Il est moralement, spirituellement et
intellectuellement stable. Il est ni aliéné ni complexé et ni manipulable.
I.2 LA
DIVERSITE CULTURELLE AFRICAINE, MYTHE OU REALITE ?
Il est évident que la diversité culturelle
existe en Afrique, mais il y a beaucoup plus de points de convergence. Par
exemple, il existe des peuples en Afrique qui pratiquent l'ENDOGAMIE (mariage
au sein de la même famille biologique), c'est le cas notamment chez les
Peulh et les Soninké, ce qui n'est pas le cas en Afrique centrale et australe.
En revanche, dans toutes les sociétés africaines, on utilise le mortier et le
pilon, on fait la libation avant chaque cérémonie. Le culte des Ancêtres existe
partout en Afrique. L'attachement à la branche maternelle, le respect de la
femme, etc. La diversité culturelle africaine est une réalité comme partout
ailleurs il existe des diversités culturelles. Cependant il est intéressant de
souligner que cette diversité s’exprime dans une unicité indéniable.
Par ailleurs, la diversité culturelle est
vue comme un facteur qui pourrait freiner l'intégration. Le sociologue John
Logan de Brown University aux USA a en
effet démontré empiriquement que sans le développement d'une identité ou cause
commune dans lesquelles la majorité trouve ses intérêts représentés, il est
impossible de créer une vraie intégration. Il serait donc intéressant de voir
comment nous allons aborder et ensuite résoudre la problématique de
l'intégration culturelle qui est vu par certains sociologues comme Raymond
Boudon comme une cause perdu sans une réelle contrainte politique.
Par contre notre approche démontrera
qu’en dehors de l’aspect sociologique de la diversité culturelle africaine,
l’aspect économique est aussi important. Comme nous l’avons souligné plus haut,
la culture est le moteur du développement. Donc la diversité culturelle des
peuples de notre sous-région est un véritable atout d’intégration, si
l’intégration elle-même est source de développement. En outre, chaque pays
ayant sa spécificité économique, une intégration favorisera le bien-être des
populations
I.3 L’ETAT DES
LIEUX DE LA DEGRADATION CULTURELLE AVANCEE DANS NOS PAYS
Il n’y a point d’existence heureuse sans
l’expression du véritable amour. L’amour dans sa manifestation humaine est un
véritable atout pour la cohésion et l’intégration sociale, il favorise le
bien-être de la société dans la différence. Il est l’une des sources concrètes
pour tout développement économique, culturel et social. Avoir de l’amour pour ses semblables :
ses parents, ses voisins, ses amis et ses concitoyens est non seulement le
pilier de la concrétisation de la paix, de la fraternité, de la solidarité et
de l’hospitalité, mais aussi est l’expression réelle de la volonté de se rendre
utile pour la société. Cela par sa disponibilité, par son travail, par son
courage, son dévouement, son génie, son intelligence et par des sentiments de
devoir de l’acceptation d’autrui, du partage (du donner et du recevoir). Avoir
de l’amour pour son prochain, c’est aussi et enfin le pouvoir de l’élévation de
l’individu vers la haute compréhension de ce dernier. Réussir à se mettre à sa
place, l’incarner, éviter de le blesser en le frustrant. L’amour rompt avec les
sentiments de supériorité et d’infériorité. En effet, c’est créer les
conditions idoines de l’épanouissement commun : le respect, la
considération, l’attention, l’affection. C’est éviter de nuire à autrui. C’est
le vivre ensemble avec nos diversités intellectuelles, économiques, politiques,
sociales et culturelles.
Dans notre analyse, il est question de
demander aux Africains de la sous-région de s’aimer en respectant leur
différence, leur diversité culturelle. Une réalité se dégage d’elle-même. Avant
d’aimer son prochain, il faut s’aimer soi-même d’abord. Pourtant, l’homme
africain fait face à des soucis dégradants et incompatibles avec l’acceptation
de l’autre. Nous pensons qu’à la suite de notre étude, nous allons humblement
essayer de trouver des réponses à la question qui est posée, à savoir : LA
DIVERSITE CULTURELLE, MOTEUR DE
L’INTEGRATION SOUS REGIONALE
Etudions
ensemble ces quelques éléments suivants :
Depuis des
générations, l’homme africain est confronté à une véritable crise identitaire
dû à une acculturation très avancée de la société africaine de manière
générale. Or nous savons que la culture, les traditions et les coutumes d’un
peuple sont la marque indéniable de son identité. Perdre cette marque, c’est
incontestablement cesser d’exister comme un être humain puis devenir un animal
dompté. Aujourd’hui l’africain a un souci d’identité culturelle. Et ce grand
souci lui crée des conflits internes et une auto rébellion, une auto
destruction mentale. Il faut noter que les périodes allant de l’esclavage en
passant par la colonisation et les différents modes de ségrégation raciales lui ont laissé des séquelles indescriptibles.
Notamment, sur son esprit, sur son
intellect, son mental et sur son être.
En effet, le contact de l’Afrique avec les Arabes et les
Occidentaux a transformé, déformé
désorganisé et détruit totalement la culture africaine autrefois
authentique et originale, en favorisant
l’implantation d’une culture pacotilles plus ou moins insaisissables. Cette
situation engendrée par ce contact des cultures a provoqué des mutations, des
transformations par abandon de soi et
des emprunts chez les autres. Elle a aussi provoqué le déracinement de
l’homme et la déstabilisation des structures sociales. L’instabilité
spirituelle et mentale soutenue par de puissantes campagnes médiatiques. Et
nous assistons presqu’impuissant à un véritable génocide culturel. Les valeurs
africaines sont noyées par les
nouvelles importées.
Face à cette
dégradation de ses propres valeurs traditionnelles et à la forte présence des cultures
occidentales, orientales et asiatiques, l'homme africain se perd et est plongé
dans le doute. Il n’a plus d’originalité, il perd son âme, ses origines et tous
ses repères. Il est désormais, très
aliénée et convaincue que ses traditions et ses coutumes sont dépassées et sans
valeurs. Pour cet homme, seules les valeurs occidentales sont meilleures et
peuvent servir et contribuer au bien-être. Il a donc tendance à copier
aveuglement l'Europe supposée être
développée. Et cela dans tous les domaines, même ceux qui choquent la morale et le bon sens.
Plusieurs comportements mettent à la
lumière cette domination étrangère, notamment :
I.3.1 LES LANGUES MATERNELLES
Concernant la
langue maternelle, il est important
de savoir que la langue est l’élément fondamental de la culture. Elle est
inéluctablement la manifestation la plus authentique de la culture d'un peuple,
d’un homme. C’est à travers sa langue qu'un homme se définit, s'identifie. Les
organisations comme la Francophonie, le Commonwealth, la lusophonie ont coupé
l’africain de ses réalités linguistiques en favorisant l’avènement des
africains Français, Italien, Portugais et Anglais. Alors l’abandon de la langue
maternelle s’avère très inquiétant, car la disparition de la langue signifie la perte de sa culture, la perte de
son identité, de sa sagesse, de son intelligence, de son être même. Il faut
souligner qu’on appelle langue maternelle, la première langue que l’on apprend
chez lui à la maison. Ce qui veut dire que nous imposons des langues étrangères
à nos enfants comme leur langue maternelle.
I.3.2 L’ECOLE
Quant à
l’école, il faut reconnaître que les
systèmes scolaires des pays africains sont de véritables sources d’aliénation
des peuples. Car aller à l’école, c’est finir par ne plus se connaître et avoir
de la haine pour soi. L’école dans son état actuelle contribue à détruire et
écraser les traditions et les coutumes. Elle a créé des frustrations, des acculturés, des aliénés et des dépersonnalisés. Elle
prédispose l’Africain à ingurgiter le patrimoine culturel des autres.
L'éducation par les langues étrangères, à savoir le français, l'anglais,
l'allemand ou l'espagnol imposée aux enfants africains dans les écoles, est un
risque pour l'avenir de la culture africaine, pour l’identité culturelle.
Car pour l'enfant, apprendre sa
langue maternelle, c’est s’identifier à sa culture. Donc apprendre le français
ou l’anglais, c’est s’identifier à la culture française ou anglaise. Ainsi,
nous pensons que la nécessaire réforme des systèmes d’éducation de nos Nations
doit mettre un accent particulier sur la culture basée sur une meilleure prise
en compte des réalités locales et traditionnelles. Surtout mettre en relief les
valeurs du continent Africain à travers ses richesses culturelles et renouer
une nouvelle mode de relation entre les Africains eux-mêmes.
I.3.3 LA
RELIGION
Le choix des
noms et prénoms et les croyances traditionnelles. Notons qu’avec l’avènement
des religions dites révélées et la culture occidentale, de moins en moins
d’Africains portent leurs véritables
noms ou prénoms originaux. Les Africains musulmans portent tous des noms et
prénoms arabes, les chrétiens aussi portent tous des noms et prénoms
occidentaux. Or comme la langue, le nom est une marque spéciale de l’identité
d’un homme. Ne plus porter son nom, c’est refuser son identité, c’est ignorer
son existence, c’est accepter de mourir.
Par ailleurs
les guides religieux africains devraient faire des recherches sur l’apport de
nos ancêtres sur le rayonnement de ces religions. Ils contribueront à
décomplexer leurs fidèles. Cela aidera pleinement à juguler les guerres
religieuses dans nos sociétés. Sinon la
cohésion sociale est constamment perturbée par de certains croyants aliénés et
acculturés. Des Africains sinistres œuvrant sous le manteau de l’islam ou du
christianisme endeuillent des familles. Des atrocités commises çà et là. L’AQMI
et d’autres organisations terroristes sévissent au Mali, au Burkina Faso et au Niger. La Côte d’Ivoire été touché. Le groupe
Boko Haram enlève et assassine des innocents au Nigéria. Notre sous-région est
à sang et à feu.
Pourtant, si nous étudions notre histoire
et nos valeurs culturelles, nous découvrons que dans l’empire du Ghana,
l’empereur Kaya Mangha Cissé était animiste, mais la majorité de son peuple
était musulman. Sa capitale Koumbi Saleh était une ville musulmane. Pourtant il
n’y a jamais eu de conflits religieux.
Les différents peuples étaient bien intégrés. Grâce aux coutumes les peuples
étaient dotés d’une grande sagesse, d’une certaine hauteur d’esprit. Ils
avaient le sens de la responsabilité, du respect de la vie humaine et le sens
du sacrifice de soi.
Un
fait est bien à souligner, la majorité des extrémistes africains sont ceux qui
sont coupés de toutes leurs valeurs culturelles et se croient plus proches des
Arabes pour les musulmans, des Occidentaux pour les chrétiens.
I.3.4 L’ART ET LES MEDIAS
L’art et les medias n’ont pas été
épargnés. Tout comme la religion et la langue, l'art occupe une place très
importante dans la vie culturelle d'un peuple, d’un homme. Car il met en relief
la vie du peuple, sa manière d'être, son quotidien, sa vision interne et
externe. Le contact avec l'extérieur a dépouillé l'art africain
traditionnel en général de sa valeur, de
son prestige et de ses fonctions (la littérature, le théâtre, la peinture, la
sculpture, la couture, la gastronomie, la beauté...). Aujourd’hui quand nous
regardons les clips vidéos de la majorité des artistes chanteurs africains,
nous nous rendons tout suite compte du degré de dégradation de nos us et
coutumes. Rien que du sexe. C’est pareil pour des films où des acteurs s’embrassent
dans des scènes érotiques.
Les chaines
de télévisions nationales africaines, en
longueur de journée, ne présentent que des programmes truffés de films
brésiliens, américains, asiatiques et européens mettant en relief la culture
occidentale au détriment des cultures nationales. Aucune promotion véritable
des valeurs culturelles africaines. Alors que des chaînes étrangères présentent
l’Afrique comme un continent sauvage et inhumain, en ne proposant que des
images de guerres fratricides, de misères sociales, de maladies, de famines.
Nos chaines sensées promouvoir nos valeurs, nos beautés et nos richesses ont
purement et simplement opté pour l’autocensure.
Tout ceci démontre l’incarnation du mépris de soi, de l’abandon, de ses
origines traditionnelles et coutumières.
C’est le recul
des grandes valeurs constitutionnelles africaines, notamment la solidarité et l’hospitalité. De nos jours l’homme africain
est méconnaissable, car saoulé par l’abandon de soi et surtout par son
engouement aveugle pour les cultures et
modes de vie importés. Et il est
indéniable que le développement d’un peuple dépend nécessairement de sa
stabilité sociale, spirituelle, morale et de la confiance en soi. Il ne peut
aimer son frère, son prochain, son semblable.
Ce mépris de soi est dû aussi à l’impact
des symboles et expressions sur l’esprit des Africains. En effet, quand nous
ouvrons le dictionnaire Larousse en nous intéressant à la définition des mots
blanc et noir, nous constatons ceci: Le blanc reflète la virginité, la paix, la
vie, le mariage, la sainteté, la pureté, la chasteté, les anges, etc, le blanc
est l’expression du bonheur, tandis que le noir reflète le néant, l’erreur, la
tristesse, la malchance, le pessimisme, les ténèbres, le diable, le deuil, le
mal, l’ignorance, etc. et c’est aussi l’expression du malheur. Nous pouvons
continuer ainsi, la boîte noire, la bête noire, la marée noire. Tout ceci pour
déstabiliser l’Africain, l’affaiblir et
l’amener à se haïr. L’africain est un être colonisé, un être aliéné, dominé,
écrasé qui vit une dépossession de soi.
II.
QU’EST-CE
QUE L’INTEGRATION ?
Étymologie : du
latin integrare, renouveler,
rendre entier.
L'intégration désigne le fait d'entrer dans un tout, dans un groupe, dans un pays, etc.
L'intégration désigne le fait d'entrer dans un tout, dans un groupe, dans un pays, etc.
En
sociologie,
l'intégration est le processus ethnologique qui permet à une personne ou à un
groupe de personnes de se rapprocher et
de devenir membre d'un autre groupe plus vaste par l'adoption de ses valeurs et des normes de son système
social. L'intégration nécessite deux conditions :
- une volonté et une démarche individuelles de s'insérer et de s'adapter, c'est-à-dire l'intégrabilité de la personne,
- la capacité intégratrice de la société par le respect des différences et des particularités de l'individu.
Définition proposée par le Haut Comité à l'Intégration, qui
traite notamment des questions de l'immigration
et de la présence de populations
étrangères sur le territoire national :"L'intégration consiste à susciter
la participation
active à la société tout entière de l'ensemble des femmes et des hommes appelés
à vivre durablement sur notre sol en acceptant sans arrière-pensée que
subsistent des spécificités notamment culturelles, mais en mettant l'accent sur
les ressemblances et les convergences dans l'égalité des droits et des devoirs,
afin d'assurer la cohésion de notre tissu social."
(L'intégration à la française, Rapport du Haut Comité à l'Intégration, 1993).
(L'intégration à la française, Rapport du Haut Comité à l'Intégration, 1993).
L'intégration
se distingue de l'assimilation qui tend à faire disparaître toute
spécificité culturelle.
II.1 L’ETAT
DES LIEUX DE LA DEGRADATION DE L’INTEGRATION DES PEUPLES
L’état de dégradation de l’intégration en
Afrique en général et dans notre sous-région en particulier en la conséquence
de plusieurs calculs politiciens pour majoritairement des intérêts occidentaux.
-
Plusieurs Présidents africains se sont rendu en France
pour dire « yako » au peuple français après les attaques de Charlie
Hebdo. Pendant ce temps Boko Haram sévit tout près au Nigéria. Aucun Chef
d’Etat ne s’est prononcé sur ces massacres. En Côte d’Ivoire les Députés ont
marché jusqu’à l’Ambassade de France en passant devant celle du Nigéria.
-
En Lybie, le Nigéria et le Gabon ont livrés le guide
Mouammar Kadhafi aux impérialistes. l’Union Africaine par son silence a été
complice de cet assassinat.
-
Le Capitaine Thomas Sankara a été assassiné par des
complicités sous régionales.
-
D’une manière ou d’une autre, en 2002, les rebelles
ivoiriens s’étaient tous au Burkina Faso, alors le Burkina Faso a été la
basse-arrière de la rébellion ivoirienne
-
En Côte d’Ivoire, l’actuel président de la République
en 1990 a instauré la carte de séjour lorsqu’il était premier ministre. Alors
depuis cette époque jusqu’à récemment les burkinabé, les maliens, les guinéens,
les nigériens, les nigérians étaient pourchassé en Côte d’Ivoire.
-
Au Mali les Touareg ne se sentent pas intégré dans
l’Etat malien
-
Au Sénégal, les indépendantiste de Casamance
L’état de
dégradation de l’intégration en Afrique en général et dans notre sous-région en
particulier est la conséquence de plusieurs calculs politiciens pour
majoritairement des intérêts occidentaux. Malheureusement, ces réalités historiques
et ces faits hautement important ne sont pas favorables à l’intégration de nos
peuples.
II.2 RESPONSABILITES
Nos leaders politiques sont entièrement
responsables. Ce sont eux qui mettent en place toutes les politiques de
gestions de nos Etats. Aucune théorie de développement propre à nos peuples
n’est envisagée jusque-là. Tout est copie. Le mode occidental est promu au
détriment des valeurs nationales. Nos héros et héroïnes, nos grands penseurs,
nos organisations sociale, politiques et culturelles sont laissées pour compte.
Nos traditions et coutumes sont vilipendées par ces dirigeants. Les effets
vestimentaires, veste, cravate, chaussures. Leurs régimes alimentaires
(hamburger, caviar, chawarma, pizza) , Les musiques qu’ils écoutent et les
films qu’ils regardent, leurs voyages de loisirs et de vacances, les écoles où
fréquentent leurs enfants, le train de vie de leurs épouses, toute leur vie est
calquée sur la vie occidentale. Ils préfèrent se faire consulter par un
infirmier Occidental que par un docteur Africain, donc ils se soignent en
Europe. Pour eux, un Européen menteur ne dit que la vérité, et un Africain
véridique ne sait que mentir.
Comme eux, bon nombre de nos concitoyens
sont convaincus que l’élégance, la galanterie, la classe, la beauté, la belle
allure, le savoir-vivre, le bien-être, la bourgeoisie sont incarnés par le
style de vie européenne ou américaine.
Pour
eux, jouir d’une certaine honorabilité et notoriété, gagner le respect et la
considération des autres, pour se faire distinguer, il faut nécessairement
vivre comme un Européen. Pour eux, gagner de l’argent et le prestige c’est
devenir Occidental. Certains vont jusqu’à interdire à leurs enfants de parler
leur ethnie, car pour eux, la maîtrise du français ou de l’anglais ou de
l’espagnol démontrent qu’ils sont issues de bonnes familles, de familles
civilisées. Leurs attitudes dégoûtantes et insensées influencent négativement
leur choix politique.
II.3 CONSEQUENCES
SOCIALES/ CULTURELLES/POLITIQUES
Au plan
social. Les conséquences sont nombreuses. Elles sont politiques, économiques,
scientifiques, culturelle et sociales. Elles créent des situations désastreuses
et dramatiques partout sur le continent. Notamment : La crise identitaire
qui frappe certains de nos frères et sœurs. Presque la majorité des femmes
africaines optent pour les produits cosmétiques de dépigmentation, les mèches
et cheveux humains, poupée blanche comme jouet à nos enfants etc. des hommes
aussi focalisent le choix de leurs campagnes sur ce genre de femme citée plus
haut. Cette haine pour soi causée par
tous ceux précèdent ne favorise par l’amour pour soi du noir. L’africain ne
peut s’aimer et ne peut aimer son frère noir. Cependant, il aime tous ceux qui
ne sont pas noirs. Alors, il est convaincu que son prochain ne peut être que
l’autre qui n’est pas noir comme lui. C'est-à-dire le blanc. En vérité,
l’africain croit et pense que son prochain est le blanc, d’où aimer son
prochain pour lui, c’est aimer le blanc. La jeunesse de la sous-région ne doit
pas se renier ni renoncer à son identité, elle doit plutôt se démarque de cette
mentalité. Apprendre à s’aimer et aimer son prochain c'est-à-dire aimer son
frère jeune africain comme lui-même. C’est donc en réussissant cela qu’elle
pourra être solidaire entre elle.
Au plan politique, vu toutes ces violences, toutes ces
haines, ces pertes en vies humaines, ces destructions massives de bien publics
et privés dû à des crises politiques. vu tous ces exodes de populations à la
recherche de terre d’asile, vu tous ces morts de jeunes Africains
immigrants dans l’océan, tous ce manque
de solidarité, de fraternité et d’amour, tous ces retards accumulés par le
continent africain, l’homme conscient est à mesure de réaliser l’échec de nos
politiques économique et sociales.
Tous ces
différents manquements démontrent l’état désastreux de la dégradation de nos
valeurs culturelles dans nos pays. Alors, si nous voulons rester en vie, sauver
notre race, notre peuple ; si nous voulons vivre en harmonie, dans la
solidarité et la fraternité ; si nous voulons aller au développement en
éradiquant les maladies, la famine, les guerres fratricides et raciales et les
insurrections ; si nous voulons améliorer nos conditions de vie, conquérir
notre dignité et garder notre intégrité physique, morale et spirituelle ;
si nous voulons aller à l’intégration sous régionale, alors les choses doivent
impérativement changer. C’est dans cette optique que nous proposons un retour
qualitatif à nos valeurs traditionnelles, notamment le respect de la vie
humaine, la justice, la solidarité, la fraternité, l’union, la patience, le
culte du travail, l’humanisme et la tolérance. Sans ces valeurs il n’y a pas
d’intégration.
III.
QUELQUES VALEURS CULTURELLES AFRICAINES, SOURCE
D’INTEGRATION SOUS REGIONALE
Les
basses de l’intégration sont déjà saisissables car nos cultures nous les
offrent gratuitement. Nous allons citer que quelques-unes parmi des centaines.
Notamment : le respect d’autrui dans sa particularité, la solidarité,
l’hospitalité, le travail et le bénévolat, etc.
III.1 LA SOLIDARITE ET L’HOSPITALITE (SOUS
REGIONALE)
La solidarité et l’hospitalité dans nos
traditions sont la marque du partage, de l’amour, de la fraternité et
d’intégration. Etre solidaire, c’est accepter des autres et leur donner aussi.
Alors, la solidarité africaine s’exprime par les moyens suivants : se
saluer et s’adresser la parole, se présenter les vœux et les condoléances, se
rendre visite, s’entre-aider financièrement et matériellement, s’offrir l’hospitalité, s’assister lors de tous les
événements sociaux (bonheur et malheur), etc….Mais, cette solidarité africaine
est tellement bien structurée qu’elle n’encourage pas les abus. Elle fait
plutôt la promotion du travail et surtout combat la paresse. A titre d’illustration,
dans nos traditions, quand une famille reçoit un étranger. Cet étranger est
nourri, logé et blanchi pendant les deux premiers jours. Le matin du troisième
jour, le chef de famille hôte lui remet un outil (daba ou machette…) et tout le
monde se rend au champ. L’étranger se rend ainsi utile et partage désormais les
tâches de la famille. Il devient productif, rentable et aussi créateur
d’économie. Par conséquent, la solidarité dans le sens réel est une belle forme
de partenariat gagnant-gagnant. Ce partenariat est même symbolisé par un
célèbre proverbe, notamment : « ce sont deux mains qui se lavent et
deviennent ensemble propres. ».
En
effet, la solidarité met en relief l’effort, la joie et le gain partagés. Elle
est surtout l’expression de l’intégration. Elle ne justifie en aucun cas donc,
des attitudes de mendicité de certaines personnes. Ne confondons pas solidarité
et paresse, solidarité et fainéantise, solidarité et parasitisme.
III.2 LE RESPECT DE LA VIE HUMAINE ET LES DROITS
DES
Ici le génie de l’Empereur du Mandé,
Soundjata Keita nous intéresse. En effet, Après la guerre contre Soumahoro, le
mandingue était détruit et presque totalement déchiré. Les peuples étaient
désunis, la haine et la vengeance régnaient de toute part. La peur, la méfiance,
le désespoir et le pessimisme étaient le quotidien d’une grande partie du
Mandé. L’instabilité politique, économique et sociale était patente. C’était
donc dans cette atmosphère de frayeur que Soundjata Keita en grand législateur, convoqua
l'assemblée du kouroukan fouga (modèle Assemblée Nationale) au cours de
laquelle des lois ont été voté pour la stabilité, l’intégration et la paix dans
son empire. Cet ensemble de loi issu de cette assemblée fut la première
constitution au monde. Cette constitution garantissait les droits de l'homme.
Cette charte est une preuve tangible du niveau de civilisation de nos ancêtres,
sous un empereur ayant un esprit noble
et pétri d’une sagesse hors du commun.
Ce qui est intéressant dans cette charte
sont ces sept grandes paroles profondes,
source de la véritable intégration de tous les Mandeka et tous les peuples
voisins même lointains. Ces sept paroles sont : Toute vie est une vie. Le tort
demande réparation. L’entraide est un impératif pour chacun. Chacun doit veiller
sur la patrie. Mettre fin aux atrocités de la guerre. Chacun est libre de dire.
Chacun est libre de voir, d’agir et de faire. ». Pour
cette charte, une vie n’est pas plus ancienne ni plus respectable qu’une autre
vie, de même aucune vie n’est supérieure à une autre vie. Personne n’a le droit
de s’en prendre à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul
ne martyrise son semblable. La faim n’est pas une bonne chose, l’esclavage
n’est pas non plus une bonne chose. La guerre ne détruira plus jamais de
village pour y prélever des esclaves. On trouve donc dans cette charte le
respect de la vie humaine, la liberté individuelle, la justice et l'équité, la
solidarité, l’amour pour la patrie, la promotion du travail.
En effet, la Charte de KouroukanFouga
continue de régir de nos jours tous les peuples ayant appartenu au grand
manding du moins pour ce qui est de l’organisation de la société, la gestion
des conflits, la division du travail, l’hospitalité, la coexistence pacifique
et la tolérance.
III.3 LE BENEVOLAT TRADITIONNEL
Il n’y a point de développement durable
sans bénévolat. Cette valeur humaine est une réalité culturelle en Afrique. Par
exemple, dans nos villages, celui qui plante un arbre s’immortalise
positivement et rentre de manière sympathique dans l’histoire. Cet arbre par reconnaissance risque de porter
son nom. Chaque fois que les villageois se retrouveront sous l’ombre et
mangeront les fruits produits par cet arbre, l’homme ou la femme qui l’a
planté, qu’il soit en vie au dans l’eau delà, reçoit des bénédictions. Chaque
merci lui sera bénéfique.
C’est
un bénévolat, une œuvre d’intérêt social. C’est une des marques de solidarité
et d’amour pour la communauté en se rendant utile pour toute l’humanité.
Cette
valeur culturelle, sociale et humaine
peut être modernisée en tenant compte des nouvelles réalités socio-économiques.
Que ceux qui ont les moyens, investissent juste une partie de leur fortune dans
des actions et œuvres socio-économiques. Notamment :
-
Construction d’écoles et d’universités.
-
Construction de centres de santé et de
maternité
-
Electrification de zones rurales.
-
Construction de pompe villageoise (eau
potable)
-
Construction d’orphelinat. Restaurant de
cœur.
-
Logements sociaux.Création d’entreprises
Ces différentes réalisations pourraient
créer les conditions d’une intégration nationale et sous régionale.
Malheureusement, la majorité de des riches africains (politique, commerçants,
cadres, religieux…) ne s’inscrivent dans cette philosophie culturelle et sociale
africaine. Ils démontrent plutôt leur richesse par le biais de la recherche de
leur bien-être personnel et familiale, cela dans l’achat de grosses voitures,
de bijoux et d’habits occidentaux, dans la construction de domaines, de
châteaux tant dans leur pays qu’en
occidentaux.
Après
ces biens sont très souvent confisqués (cas en Europe) pour des enquêtes de bien mal acquis. Comme
les cas des présidents Mobutu (ex-Zaïre), l’Empereur Bokassa (Centrafrique),
Sani Abacha (Nigéria), la famille Bongo (Gabon), Teodoro Nguema Obiang Mangue
(vice-président équatoguinéen) et bien d’autres.
En effet, certains riches africains sont
comme des « zéros ». Leur présence dans la société est égale à zéro.
Leur absence est aussi égale à zéro. Point d’actions et d’œuvres sociales à
leur compte. Ils ne pensent qu’à eux, rien qu’eux seulement. Les exemples les
plus récurrents sont vus au niveau des chefs d’Etat africains particulièrement
et les hommes politiques en général. Qui pillent les ressources de leur pays.
Pourtant, ils pouvaient juste s’inspirer du génie et du sens de partage de nos
ancêtres.
En agissant ainsi, les Africains
pourraient engendrer leur propre développement économique, culturel et social.
Leur argent permettrait de créer des entreprises et diminuer considérablement
le chômage. Leur argent permettrait de construire des hôpitaux afin de garder
en bonne santé le capital humain. Leur argent pourrait construire des écoles et
universités afin de éduquer et de former les jeunes. Les banque africaine pourraient
avoir assez de réserve d’argent et pourrait travailler à faciliter l’obtention
de crédits par les citoyens, les entreprises locales et nationales, par les
entrepreneurs nationaux...En sommes, leur argent pourrait rester en Afrique et
contribuer à créer l’économie : favorable à l’intégration sous régionale.
Pour le développement de l’Afrique et créer l’intégration, un retour qualitatif
à nos valeurs traditionnelles sera capital et salutaire.
V. DIVERSITE CULTURELLE
AFRICAINE, QUELLE POLITIQUE POUR UNE INTEGRATION SOUS REGIONNALE ? :
Il faut noter que dans notre sous-région
des modèles d’intégrations ont déjà fait leurs preuves. Au plan historique nous
pouvons s’inspirer de l’exemple de l’intégration mandingue. Aujourd’hui, nous
la CEDEAO, une organisation qui travaille pour une intégration économique et
politique.
CAS
DE L’INTEGRATION
MANDINGUE, UN
MODELE HISTORIQUE DANS LA
SOUS REGION.
Culture et commerce sont les deux grands
composants de la civilisation mandingue. Ils ont constitué les éléments moteurs
de l’intégration que vécut le monde mandingue. L’Empire du Ghana et l’Empire du
Mali renfermaient dans leurs seins des royaumes, des provinces autonomes. Les
souverains ont eu pour principes de respecter les us et coutumes des pays
conquis, lorsque des familles régnantes ont été destituées, à leur place on a
mis d’autres familles autochtones. Au sein du Mali, les provinces et royaumes
non malinké ont gardé leur personnalité mandingue ; la justice était
rendue selon la coutume locale.
Dans l’espace politique défini par les conquêtes la langue mandingue a joué le rôle de langue véhiculaire ; elle a joué dans l’Empire du Mali peuplé de plusieurs dizaines d’ethnies aux langues différentes, le même rôle que l’anglais de nos jours dans le monde moderne. Les Empereurs et les gouverneurs maliens n’ont jamais imposé la langue malinké pas plus qu’ils n’ont imposé tel ou tel trait de leur culture. Respectueux des coutumes et des traditions le pouvoir a laissé libre jeu au contact de civilisation ; ainsi dans certains cas les mandingues ont assimilé les autochtones, dans d’autres cas ils se sont laissé assimiler
Dans l’espace politique défini par les conquêtes la langue mandingue a joué le rôle de langue véhiculaire ; elle a joué dans l’Empire du Mali peuplé de plusieurs dizaines d’ethnies aux langues différentes, le même rôle que l’anglais de nos jours dans le monde moderne. Les Empereurs et les gouverneurs maliens n’ont jamais imposé la langue malinké pas plus qu’ils n’ont imposé tel ou tel trait de leur culture. Respectueux des coutumes et des traditions le pouvoir a laissé libre jeu au contact de civilisation ; ainsi dans certains cas les mandingues ont assimilé les autochtones, dans d’autres cas ils se sont laissé assimiler
Comme on sait, un NDIAYE venant en
Casamance peut s’assimiler aux DIATTA ; au Mandingue il s’assimile aux
Condé et peut prendre ce patronyme. De même un TRAORE du Mandingue peut au
Sénégal prendre le nom de DIOP et s’assimiler à ce clan. DIALLO et BAH, en
Guinée s’assimilent respectivement aux CAMARA et aux SYLLA. N’est-ce pas là une
forme d’intégration des ethnies ?
Ces réalités socio-culturelles ont fondé un état d’esprit fait de tolérance. Ajoutez à cela la parenté à plaisanterie ou Sanakouya mandingue ; dès lors on comprend le caractère intégrationniste de la culture, car les deux traits que voilà sont partagés par les Mandingues et autres ethnies de la savane.
Notre histoire présente doit s’inscrire dans l’esprit du passé : l’aspiration profonde des populations est à l’intégration qui est inscrite dans les traditions culturelles même de la sous-région. (Source Tamsir Niane)
Ces réalités socio-culturelles ont fondé un état d’esprit fait de tolérance. Ajoutez à cela la parenté à plaisanterie ou Sanakouya mandingue ; dès lors on comprend le caractère intégrationniste de la culture, car les deux traits que voilà sont partagés par les Mandingues et autres ethnies de la savane.
Notre histoire présente doit s’inscrire dans l’esprit du passé : l’aspiration profonde des populations est à l’intégration qui est inscrite dans les traditions culturelles même de la sous-région. (Source Tamsir Niane)
IV.1 QUELLE POLITIQUE D’INTEGRATION SOUS REGIONALE ?
L’Afrique noire se trouve à un moment
décisif de son évolution. Ainsi après avoir longtemps gémi sous le joug
colonial, nos pays africains ont su trouver les voies et moyens de mettre un
terme à la domination étrangère. Cependant après plus de six décennies
d’indépendance, il apparaît aujourd’hui à tous que les options opérées
n’étaient pas les meilleures, l’échec est là ; la preuve est faite que les
micro-états nés de l’indépendance ne sont pas viables. Il apparaît à tous que
la solution à la présente crise se trouve dans l’intégration, la création de
vastes ensembles. Pour donc déclencher cette intégration malgré notre diversité
culturelle, il faut certains éléments qui sont :
IV.1.1 AU NIVEAU POLITIQUE
NATIONALISME FORT ET INTELLIGENT
Il faut absolument décomplexer les
africains en leur enseignant leur propre histoire avec les exploits et les
douleurs. Nous sommes convaincus qu’un peuple aliéné et acculturé ne peut aller
à l’intégration ni au développement. Si nous nous débarrassons de nos complexes, nous
réaliserons avec bonheur que notre sous-région est en réalité une nation. C’est-à-dire une communauté humaine ayant
conscience qu’elle pourrait être unie par une identité historique, culturelle,
linguistique, géographique. En plus de ces réalités historiques et socio
culturelles, nous devons créer des systèmes de valeur, de normes, nous
permettant de nous reconnaitre dans une appartenance nationale.
Effectivement,
la diversité culturelle pourrait fortement nuire à l'intégration sous
régionale. Mais nous si réussissons à faire une fusion de nos visions et
intérêts afin d'aller dans la même direction malgré nos différences. Nous pourrions
accroître le niveau de nationalisme dans nos différents pays. Ensuite lancer
les bases d’un nationalisme sous régionale. Nous pensons qu’un nationalisme
inspiré de nos valeurs culturelles s'impose à nous. Nous ne devons pas avoir
peur du mot nationalisme.
Au
contraire nous devons créer une très bonne politique nationaliste comme W E B
Dubois avait proposé son temps. Alors pour aller à notre intégration sous
régionale nous devrions développer un nationalisme sous régional fort.
STABILITE POLITIQUE : LA BONNE
GOUVERNANCE
La bonne gouvernance est une affaire culturelle,
donc avoir une diversité culturelle offre l’opportunité de choisir la meilleure
formule pour le bonheur des peuples. Car elle pourrait contribuer à garantir la
stabilité politique. En effet, la stabilité politique émane de la bonne
gouvernance, elle-même fille de la vraie démocratie. Selon les occidentaux, les
premières expériences d’un régime politique démocratique ont lieu pendant
l’Antiquité, dans la cité grecque d’Athènes. Le terme « démocratie »
vient d’ailleurs du grec ancien « dêmos », qui signifie
« peuple », et « kratos », qui réfère au pouvoir : la
démocratie est donc, littéralement, le « pouvoir du peuple ». La
démocratie est un régime politique où le peuple détient le pouvoir de façon
collective, c'est à dire que tous les citoyens ont le pouvoir. On dit alors que
le peuple est souverain. C'est le
« gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple », comme
l'ont dit Périclès et Abraham Lincoln. Dans une démocratie, le peuple élit ses
représentants et chaque citoyen peut donner son avis en votant. Le gouvernement
ainsi constitué a pour mission d’œuvrer au bien-être de tous, il doit ensuite
agir dans l'intérêt général. Il faut souligner qu’il n'existe pas de critère
reconnu par le monde pour définir la démocratie.
La
démocratie aux USA est différente de la démocratie en Angleterre et aussi
différente en France et ailleurs. Alors il est intéressant de savoir, laquelle
des démocraties est compatible avec nos valeurs culturelles. Cependant, on peut considérer qu'elle doit
respecter plusieurs principes. Notamment :
- la liberté des individus ; le
respect de la liberté ; la
règle de la majorité ;
- l'existence d'une
"constitution" l'existence de lois établies par le peuple et
respectées par le gouvernement... l'égalité devant la loi,
- la séparation des pouvoirs
(législatif, exécutif et judiciaire)) ;
- la consultation régulière du peuple
(élection et référendum) ;
- la pluralité des partis
politiques ; l'indépendance de la justice.
Tous ces éléments cités engendrent le
fondement de la bonne gouvernance.
La démocratie est la manifestation de la bonne
gouvernance. La bonne gouvernance, c’est d’abord, cultiver et promouvoir la
sincérité des rapports entre le pouvoir et le peuple. Nous pensons que le
premier indice se situe au niveau de la communication. Un bon pouvoir établit
toujours une politique de communication sincère et crédible avec son peuple. Il
travaille à ce que les médias publics diffusent des informations vraies et
crédibles en vue de bien informer le peuple sur la vie culturelle,
socio-économique et politique de la nation.
La
bonne gouvernance, c’est la lutte contre la corruption, la lutte sans état
d’âme contre la gabegie et les détournements des deniers publics. C’est créé
une fonction publique compétente débarrassée du népotisme, de la médiocrité et
de la paresse. C’est la mise en place d’une bonne politique culturelle et
agricole, une bonne politique scolaire et universitaire, de formation et de
santé, une bonne diplomatie et de coopération internationale. C’est la mise en
place et le respect des institutions intègres, fortes, impartiales. C’est
mettre tous les citoyens sur le même pied d’égalité et donner la chance à tout
le monde. En somme, la bonne gouvernance est la politique qui met au centre de
son programme rien que le bien-être moral, spirituel, financier, et matériel du
peuple. Evidemment, il n’y a point de
stabilité sans la démocratie, sans la bonne gouvernance. C’est-à-dire sans loi,
sans tradition, sans coutume. La démocratie est culturelle. Elle a bien longtemps
existé en Afrique avant le contact avec les étrangers.
Aujourd’hui, la situation générale en Afrique n’est pas favorable aux
politiques d’intégration. C’est pour quoi, les dirigeants africains ont une
seule option pour réussir à créer les conditions d’épanouissement de leur
peuple. Il faut
qu’ils aient le courage politique, culturel et historique de faire la rupture. Si nous prenons la culture dans toute
sa beauté et toute sa dimension, elle demeure le pilier essentiel d’une
stabilité politique. Alors, si notre sous-région veut connaître de manière
durable la stabilité politique, sociale
et la paix, puis aller à l’intégration,
il nous faut absolument retourner à nos valeurs traditionnelles et
coutumières. Ce sera la seule garantie réelle de la cohésion sociale et de
l’intégration sous régionale.
IV.1.2 AU NIVEAU
ECONOMIQUE
Il
faut développer des intelligences économiques nationales et sous régionales.
Il
faudra donc s’imposer la consommation des produits de la sous-région en créant
des échanges internes. Il faut un courage politique nous permettant de se
défaire de l’aide extérieure qui appauvrit davantage, de sortir de certaines
organisations ou accords (ACP-UE), créer nos propres organisations et mener des
actions suivantes :
-
Créer des normes sous régionales. Quitter le
FCFA et battre la monnaie sous régionale. Redynamiser le commerce sous régional
-
Lutter contre la corruption (créer par
l’égoïsme et le matérialisme au détriment de la solidarité africaine).
-
Lutter contre la grande criminalité, le terrorisme
et les conflits d’intérêt
-
Valoriser les produits locaux et nationaux
tout en boycottant les produits étrangers.
-
Développer l’agriculture, l’énergie solaire
et dompter l’Autosuffisance alimentaire
-
Développer l’industrie et la transformation
locale des matières premières.
-
Créer de nouveaux matériaux de construction
et des grands travaux
-
Construire des infrastructures routières
modernes en les pays de la sous-région
-
Revoir les politiques douanières pour une
intégration de recettes
-
Interdire l’importation des objets de seconde
main de l’Occident
Les théories, les experts et l’élite
doivent être majoritairement et prioritairement issu de la sous-région. La
sous-région doit nécessairement créer une politique de santé meilleure. Il pas
de développement sans une bonne politique de santé. Nous avons besoin des
hommes et des femmes valides. En outre, les peuples de la sous-région doivent
passer leurs vacances dans les pays de la sous régions. Il y a tout dans notre
sous-région pour notre épanouissement et pour notre bien-être. Chaque pays est
ses potentialités économiques et naturelles. Pour les besoins d’aides financières, nous devons sans
complexe pratiquer le troc (une ancienne politique économique africaine). Ainsi,
nous pouvons échanger avec le Nigéria du pétrole contre du chocolat (Côte
d’Ivoire), avec le Mali du bétail contre l’électricité, avec le Burkina Faso le
bétail contre notre expertise en Travaux Publics, avec l’Afrique du Sud des
véhicules contre du café, avec le Maroc leur expertise en technologie contre
des marchés locaux, avec le Sénégal l’arachide contre l’igname, etc… Avec cette
politique, nous pouvons réaliser les avantages des relations Sud-Sud,
nécessaire, voire impératif pour l’intégration sous régionale.
Cette politique n’est pas une utopie. Elle
est réalisable, car l’Empereur Soundjata Keita l’a réussi en 1236. En effet,
dans le souci de relancer l’économie et l’intégration des peuples de son
Empire, Soundjata créa une monnaie (les cauris et souvent des barres de sel et de
cuivre servaient de monnaie)
et rendit son empire grand, prospère, riche et bien organisé. Son armée était
bien organisée et disciplinée, les impôts étaient payés régulièrement, les
taxes douanières aussi payés. L’économie reposait sur l’agriculture, l’élevage,
la pêche et le commerce. Le Mali qui englobait les anciennes régions du Ghana
échangeait avec le Maghreb et les pays côtiers au Sud du Sahara. Walata,
Tombouctou, Djenné étaient devenus les principaux centres commerciaux de la
région. Tellement riche, le Mali exportait de l’or, du poisson, des étoffes,
des produits artisanaux. C'est
également à partir de Soundjata que commence la grande activité commerciale des
Dioula qui, désormais, traitèrent directement avec les Maghrébins et les
Arabes. Les Dioula existent encore aujourd’hui, ils sont partout dans notre
sous-région avec une culture de commerce très poussée.
IV.1.3
AU NIVEAU CULTUREL
LE POLITICO-CULTUREL
Au plan politique, il nous faut
impérativement une stabilité politique et sociale dans nos pays et dans notre
sous-région. Pour cela, il faut commencer à décomplexer nos institutions en les
dépouillant de toute influence étrangère et coloniale. Elles doivent
nécessairement incarner nos valeurs culturelles et historiques.
C’est dans cette optique que nous allons
nous inspirer du plan Soundjata, car depuis son époque et son règne, il
travailla à trouver des solutions idoines à nos préoccupations actuelles.
L’intégration sous régionale, aujourd’hui notre sujet de débat a été maitrisé à
son temps par le jeune Empereur venu au pouvoir à 18 ans.
L’Empire du Mandé qu’il a gouverné était
constitué des pays suivants : Le Mali, le Niger, la Mauritanie, la Guinée
Conakry, la Guinée Bissau, le Sénégal, la Gambie, la Sierra Leone, le Libéria,
la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso.
Il est indéniable que, Soundjata le premier
Chef d’Etat des premiers Etats Unis d’Afrique. Premier Panafricaniste a su
dompté une politique d’intégration sous régionale qui pourrait nous guider dans
nos recherches. C’est pour quoi son plan nous intéresse tant. Nous y
reviendrons au cours de notre exposé.
Par
ailleurs, les politiques doivent œuvrer pour la restauration la dignité et
l’honneur des peuples. Cela passe d’abord par la décolonisation totalement
l’esprit même de certains pays, des noms hérités de la colonisation.
Il faut absolument se débarrasser de ces
appellations aliénant et trouver d’autres plus authentiques et libératrices. Nos nationalités ou nos
identités sont données par des étrangers selon leurs intérêts. Par contre, nous sommes fiers du Capitaine
Thomas Sankara qui opta pour le Burkina Faso au détriment de Haute Volta, de
Nkrumah quand il décida de changer Gold Coast en Ghana, de Modibo Keita, grâce
à qui, le Soudan français devint le Mali… Soyons nous-mêmes avant de songer à
l’intégration.
Ces changements de nom doivent être
accompagnés d’institutions incarnées par nos valeurs traditionnelles et
culturelles. Les Présidences, les
Assemblées Nationales, les conseils constitutionnels, lois fondamentales, les constitutions, etc.
Il va donc falloir une véritable révolution institutionnelle. En somme, ces
nouvelles institutions démontreront notre liberté et notre indépendance. La
copie aveugle des théories politiques coloniales, au détriment des valeurs traditionnelles
et historiques est l’expression de la soumission. Il n’aura point d’intégration
dans la soumission aux autres. L’ignorance, le manque de courage et de
créativité ; le complexe d’infériorité
de nos premiers dirigeants et des contraintes étrangères a favorisé
l’installation et la présence permanente de l’occident dans nos institutions.
Il faut corriger parce que ces institutions ont démontré leurs insuffisances et
leur incapacité à créer la cohésion sociale, la paix, le développement. Elles
sont presque toutes inadaptées aux réalités et aux besoins des peuples. Il nous
faut une rupture avec ces institutions, les dissoudre et procéder à la
révolution.
Enfin, la
gestion du pouvoir politique doit revenir aux valeurs traditionnelles dont
s’inspiraient les gouvernements au temps des rois, dans lesquelles les
institutions étaient plus fortes que les hommes qui les incarnaient. En effet,
le roi se soumettait aux coutumes qui étaient l’autorité suprême. Ainsi, le roi
n’était pas roi, seul le peuple détenait la royauté. Ce n’était pas le roi qui
avait la royauté, mais la royauté qui tenait le roi. Nous
sommes donc convaincus que seules de nouvelles institutions reflétant nos
réalités socio culturelles pourront garantir une stabilité politique et sociale.
STABILITE SOCIO CULTURELLE
Pour gagner la lutte pour la stabilité
socio culturelle dans nos pays, il est impératif que l’Occident quitte
l’Afrique. En effet, de la manière que
l’Occident a quitté l’Amérique, il faut qu’il quitte l’Afrique de cette même
manière. Oui luttant pour se débarrasser l’Europe, l’Amérique a pu inventer et
créer ses propres théories de développement : théorie politique, théorie
économique, théorie culturelle, théorie scientifique, théorie de communication,
théories éducatives et institutionnelles, etc. Alors l’Afrique a besoin de
cette même expérience. C’est pour cela qu’il est nécessaire que l’Europe quitte
le continent, c'est-à-dire que leurs médias cessent cette campagne de
dénigrement contre l’Afrique, que leur système scolaire et universitaire
revienne à la vérité, qu’ils cessent d’introduire leurs idéologies dans notre
système, cessent de faire des pressions et de faire chanter nos chefs d’Etat,
qu’ils cessent de dénaturer nos institutions,
qu’ils cessent de vouloir nous imposer l’homosexualité. Qu’ils cessent
de nous torturer avec leurs systèmes terminologies discriminatoires des
peuples: Pays Pauvre Très Endetté, Tiers Monde, Pays Sous-développé, Pays en
voie de Développement, etc. Que le système européen quitte l’Afrique !
Surtout il faut que l’élite politique des pays africains soit soudée et unie
quelles que soient leurs divergences. Elle doit interpeller nos chefs d’Etats
pour qu’ils soient forts. Car, l’Afrique a besoin de chefs d’Etat forts pour
défendre ses intérêts.
Sans la présence occidentale, sans le
système de corruption, de démagogie, de gabegie, de démocratie occidentale,
l’Empereur Soundjata a réussi avec son génie et en s’appuyant sur les valeurs
humaines et socio culturelles du peuple Mandé a créé une belle théorie de
prévention et de règlement des conflits. : Le Sinankuya(la politique ou la
sagesse de supporter son ennemi). Cette théorie a ainsi été institutionnalisée
en l’Article 7 de la charte du Mandé: Il est institué
entre les mandenkas le Sinankuya (cousinage à
plaisanterie) et le tanamanyöya (forme
de totémisme). En conséquence, aucun différent né entre ces groupes ne doit dégénérer, le respect de l’autre étant la règle. Entre
beaux-frères et belles-sœurs, entre grands-parents et petits-enfants, tolérance
et le chahut doivent être le principe.
Grace à cette politique, il régnait la paix et la stabilité partout
dans l’empire. Pendant cette même époque certains pays occidentaux se faisaient
encore la guerre, notamment la France, entre autre la guerre de cent ans.
Pendant que les paysans français se
soulevaient contre les seigneurs. Les
paysans mandingues eux vivaient dans la paix, dans le calme et élevaient
des bœufs, des moutons, des chèvres et cultivaient le riz, le fonio, les
haricots et produisaient le beurre de karité.
Alors l’élite africaine doit travailler à désaliéner les institutions.
D’ailleurs, être membre de l’organisation
de la francophonie ou autre organisation linguistique pourrait être un grand
danger. C’est accepter et valider la Conférence de Berlin de 1885 qui a vu la
division et le partage du continent africain par l’Europe impérialiste :
la véritable source de tous nos malheurs sociaux. Tous nos systèmes
d’intégrations ont été détruits depuis lors. Se considérer comme francophone ou
lusophone en tant qu’Africain, c’est volontairement s’abandonner, c’est se
refuser, refuser son identité culturelle, refuser son histoire. La
francophonie, la lusophonie ou l’anglophonie sont des barrières entre les
peuples et entre nos cultures. Ce sont des sources de division, d’éloignement
et de haine entre les peuples africains. Ce sont de véritables freins à
l’intégration. Pourtant, nous sommes convaincus que seule l’union de toute
l’Afrique engendrera le développement et la sécurité en Afrique. Nous sommes de
tous petits pays. Il faut absolument que nous brisons ces frontières
artificielles, s’unir et constituer une force réelle. Par ailleurs, nous ne
pouvons pas consciemment promouvoir la culture française, la culture anglaise ou
autre culture étrangère au détriment de nos propres cultures
DIVERTISSEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS
Il
sera tout d’abord judicieux de recenser tous les jeux et loisirs traditionnels
et ensuite les promouvoir. Plusieurs manifestations et événements pourraient
être organisés dans différents pays pour rapprocher les peuples. Nous pouvons
notamment organiser les activités (culturelles et sportives) suivantes :
-
Activités intellectuelles
(conférences-débats)- Activités touristiques ;
-
Festivals de musique et de chants
traditionnels ; de théâtre et de conte
-
Expositions d’œuvres d’art - Championnat de
sport traditionnel (lutte) ;
-
Championnat de jeu traditionnel. Course de
masque…
-
Réalisation de film,
Ici il est important de laisser de côté
les sports et musique d’origines étrangères. L’occasion est donnée de la
promotion de nos divertissements historiques et traditionnels. Les peuples tous
décomplexés pourront se reconnaitre dans la variation de ces jeux, ces musiques
et des ces sports.
IV.1.4 AU NIVEAU EDUCATION/FORMATION
SYSTEME SCOLAIRE ET UNIVERSITAIRE COMMUN
L’éducation est culturelle, chaque peuple
à une ou plusieurs système éducatif propre à lui. Partant de cette réalité,
nous soutenons qu’une révolution du système scolaire et universitaire est
nécessaire. Elle doit aboutir à la création d’un système scolaire commun dans
la sous-région. Alors il faut que l’élite cultivé travaille sur ces systèmes
pour les adapter à notre environnement, à nos traditions, à nos coutumes et à
nos besoins. Quitter le système scolaire classique par exemple pour le système de formation depuis le
primaire (l’agropastoral et les techniques modernes, la science, les industries
de transformation, menuiserie, mécanique, architecture), cette révolution aussi
consiste à introduire nos langues dans ces systèmes, dans ces programmes. Créer
des programmes régionaux et ruraux avec des calendriers spécifiques. Ajouter
aux nouveaux systèmes nos contes et nos légendes. Car le conte africain est
l’un des modes d'expression de la pensée africaine. Il sert également d’outil
pédagogique pour la transmission des valeurs morales et sociales de la société
traditionnelle. Il peut également exercer la fonction d’éducation et de
formation susceptible d’enrichir la culture moderne à travers ses thèmes
d’instruction ayant une portée universelle. Il est très important de faire
sortir notre école de l’aliénation linguistique. Car la langue est le pilier de
tout développement. Cette élite pourra créer deux systèmes scolaires :
l’un adapté aux zones rurales tout en mettant au centre des programmes les
réalités du monde rural (agriculture, l’élevage, la pêche, la médecine
africaine, les mines, l’architecture, la mode, etc) et l’autre système, urbain,
classique pour former les fonctionnaires de l’administration. Ce nouveau système
pourrait développer des intelligences nationales, l’invention, la création, la
science, la technologie et surtout de l’entreprenariat.
Par ailleurs, il faut une école qui donne la bonne information tout en
restaurant la vérité historique, culturelle et scientifique dans nos esprits et
mentalités. Il faut amener les étudiants à se défaire de ces chaînes, à prendre
conscience que nul n’a le monopole de l’intelligence. Nous avons les moyens physiques, moraux,
intellectuels et spirituels. Alors, en nous appuyant sur nos valeurs
culturelles, nous réussirons œuvrer au
rayonnement économique, politique, social et culturel de notre sous-région.
Mais avant, faisons un retour psychologique et spirituel sur le continent est
un impératif. Bannissons la haine de la race en nous, chassons le mépris et la
peur de nos coutumes et traditions en nous. Mettons-nous au travail, cherchons,
inventons. Créons, car nous le pouvons et nous le devons.
Souvenons-nous de l’Egypte, de l’Ethiopie, de l’empire du Ghana et du
Mali. Souvenons-nous des universités de Tombouctou et de Djenné. L’homme
africain était à cette époque-là, un être instruit, cultivé, civilisé et
moderne, maître des sciences, des technologies, de la littérature etc. Pendant qu’en
Europe, la barbarie et le cannibalisme régnaient en mode de vie. Les savants
grecs, les commerçants arabes et les premiers explorateurs européens ne
tarissaient pas d’éloges à l’égard de l’Afrique, de la finesse, de la richesse
des Africains et de leur génie créateur.
LE CAPITAL HUMAIN : INTELLECTUELS VRAIS
Pour mettre en pratique et réussir cette
noble mission, aller à l’intégration sous régionale malgré notre diversité
culturelle, un capital humain qualitatif est nécessaire. Il faut des hommes et
des femmes bien éduqués, bien formés, intègres, responsables, instruits. Il
faut des intellectuels lettrés, non des aliénés. Il faut mettre en place un
capital d’une nouvelle race d’intellectuels africains. Ceux qui pourront
prendre le taureau par les cornes. Il nous faut donc des Patriotes et des
Nationalistes ouverts.
Autrefois, une certaine élite
intellectuelle et politique s’est illustrée dans des scandales économiques et
financiers, dans le gaspillage des biens des Etats, dans la corruption, dans la
gabegie, dans le déni de la démocratie, dans le rejet de nos valeurs
socioculturelles, etc. Ce sont de véritables fossoyeurs. Cette élite ne sera
pas la bienvenue dans notre politique d’intégration. Nous n’avons besoin de
politique démagogue. Il nous faut plutôt
de technocrates, de politiques nationalistes et intelligents. L’Afrique doit
avoir ses propres théories de développement. Nous ne cesserons de répéter aux dirigeants
que seuls des projets de développement correspondants aux réalités africaines
pourront avoir du succès. Car pour nous, aucune théorie étrangère à l’Afrique
ne peut l’aider à se développer.
LES MEDIAS
Les
Médias publics et privés des pays de la sous-région ont un grand rôle à jouer
dans la promotion de la politique d’intégration culturelle de nos peuples. Ce
sont les médias qui aliènent et ce sont eux qui désaliènent. Les nôtres doivent
privilégier la promotion de toutes nos valeurs culturelles et humaines.
IV.1.5 AU
NIVEAU DE LA TECHNOLOGIQUE, LA SCIENCE ET LA RECHERCHE
LA SCIENCE ET LA RECHERCHE / AGRICOLE /
MEDICINALE / TECHNOLOGIQUE
Il faut que les Africains prennent conscience que tous les éléments
culturels sont les fruits des intelligences. D’où l’importance de L’INVENTION
dans notre politique d’intégration. Un peuple qui n’invente pas ne se développe
jamais. Il restera à la traine. C’est dans ce secteur que la diversité
culturelle s’exprimera le mieux. Toutes les inventions doivent être en harmonie
avec nos réalités socioculturelles.
On ne peut pas se développer sans les
sciences, sans des théories scientifiques propres à nous. Aucune nation ne peut
aspirer au développement véritable et durable sans inventer en tenant compte de
ses réalités et de ses besoins. L’invention devient nécessaire et utile quand
elle permet aux populations de s’épanouir culturel. Aujourd’hui, pour
l’intégration sous régionale, nos besoins sont la transformation locale de nos
matières, car il est impératif et même obligatoire que nous consommions local.
Nous avons donc le cacao, le café, le
coton, l’arachide, le manioc, l’hévéa, la canne à sucre, l’anacarde, le
pétrole, le diamant, l’uranium dans notre sous-région. Nous devrons axer nos
recherches et nos inventions sur ces matières premières. De bonnes
intelligences permettront de mécaniser et d’industrialiser notre agriculture.
Cela nous permettra de consommer ce que nous produisons et engendrera des
importations et exportations sous régionales. Nous avons certes des jeunes
inventeurs mais victimes des politiques.
Des autorisés dont la majorité est aliénées et complexées. Des autorités qui ne
font confiance qu’aux petites intelligences occidentales. Il faut que cela
cesse.
CONCLUSION
L’écrivain
nigérian Chinua Achebe disait déjà : «Si l’histoire écrite sur toi ne te
plaît pas, écris la tienne. » Cet aphorisme, ouvrant une brèche dans le
caractère scientifique de l’histoire,
conforte notre position d’éveilleur de conscience des peuples africains sur les
zones d’ombre de l’histoire écrite sur eux selon les idéologies et intérêts
occidentaux pour mieux les assujettir. Or l’assujettissement n’encourage jamais
l’intégration.
En
tant qu’Homme de culture, nous nous
sommes donné du temps pour mener des recherches sur le passé des peuples
d’Afrique et du monde noir, depuis l’Egypte antique jusqu’aux grands
empires en passant par les royaumes.
Nous en concluons que certains historiens
occidentaux ont tronqué, falsifié et tripatouillé des faits dans leur démarche
analytique sur la vérité historique. Cela, en
faisant miroiter des stéréotypes et autres clichés dévalorisants contre
les peuples africains : race inintelligente, barbare, anhistorique et
paresseuse, qui n’a apporté aucune contribution à la marche glorieuse de
l’humanité. Bien au contraire, l’Afrique
a une histoire, riche, glorieuse, émaillée de conflits certes, mais conduite
par de grands hommes, des rois, des reines, des pharaons, des héros et
héroïnes, qui ont marqué de leur empreinte l’humanité. L’Afrique a connu de
grands savants dont les idées et les découvertes continuent de servir aux
générations actuelles.
Malheureusement,
l’arrivée brusque et sanglante des explorateurs et envahisseurs a freiné l’élan
de développement des peuples d’Afrique, créant des bouleversements néfastes.
C’est
pourquoi, pour nous le sous-développement dans lequel s’empêtrent les Etats
africains ne trouve pas ses causes dans les diagnostics classiques de
macro-économie, mais plutôt dans l’acculturation, l’aliénation des consciences,
subies par les peuples africains au cours des tribulations historiques :
esclavages, colonisation, impérialisme. Alors, nous appelons les peuples
africains à un retour aux valeurs culturelles et traditionnelles incarnées par
leurs ancêtres, seul gage de développement. En effet, ils doivent couper les
amarres avec les schémas culturels, économiques et politiques hérités de leurs
anciens maîtres.
Nous
faisons donc un clin d’œil aux gouvernements et les incite à prendre des
décisions courageuses, nationalistes, au profit de l’intérêt général des
peuples africains, grâce à des réformes éducatives, des mesures politiques et
économiques adaptées aux réalités culturelles africaines. N’est-ce pas la voie
suivie par les dragons d’Asie, aujourd’hui pays émergents ?
Les défis à relever par l’Afrique sont nombreux et
persistent depuis plusieurs décennies. Mais tous les experts appelés à son
chevet se perdent en conjectures. Plus ils sont bardés de diplômes et pétris
dans les théories économiques, plus ils étalent leur incapacité à poser un
diagnostic clair et à trouver les remèdes adéquats.
N’est-ce pas parce qu’ils sont aux antipodes des réalités
historiques et socio-culturelles des peuples qui habitent le continent ?
Le développement n’est pas une marque déposée, ni un
cliché photographique à transposer sur n’importe quel objet. C’est plutôt un
processus complexe, multidimensionnel qui exige d’abord un regard rétrospectif,
ensuite la mobilisation des ressources et enfin, la satisfaction des besoins
particuliers à un peuple donné.
Autant un homme amnésique ne sait d’où il vient, autant
un peuple sans histoire est indécis et ne peut s’affirmer pleinement. Enfin,
nous sommes convaincus que la lutte pour le développement économique engendrera
des facteurs sociaux et culturels qui pourraient favoriser la concrétisation de
notre intégration sous régionale.
CONFERENCIER : SEYDINAN
CHERIF AHMED
PRESIDENT-FONDATEUR DE L’INSTITUT DES
CIVILISATIONS NOIRES
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